mardi 25 mai 2010

L'histoire de Dollard des Ormeaux (1635-1660)

Hier, les gens du Québec célébraient la journée nationale des Patriotes. Jour férié célébré depuis 2003 pour venir en concurrence directe avec la fête de la Reine (Victoria Day), la fête a longtemps eu une connotation particulière au Québec alors que la reine Victoria était remplacée par Dollard des Ormeaux, un «héros obscur» de la Nouvelle-France. Qui était donc ce Dollard, quelle est sa véritable histoire? Voilà les questions auxquelles nous tenteront de répondre. Nous ne cherchons pas à comprendre tout le débat commémoratif à son sujet. Pour ce faire, nous vous invitons à lire la très instructive étude de Patrice GROULX, Pièges de la mémoire : Dollard des Ormeaux, les Amérindiens et nous, Hull, Éditions vents d'ouest, 1998, 436 pages.

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Source: Site Internet de l'éditeur Vents d'ouest, consultation en ligne, 25 mai 2010.

Né à Ormeaux, en France, Dollard arrive en Nouvelle-France à la fin des années 1650 (vraisemblablement en 1658), et se fait offrir le commandement d'un petit fort près de Ville-Marie. À cette époque, les Français du territoire laurentien sont en guerre avec les Iroquois, principalement les Agniers (Mohawks). Bien que la situation semblait s'être calmée au début des années 1650, l'année 1660 est particulièrement importante puisque d'importantes rumeurs d'attaque ouverte par les Cinq-Nations iroquoises sur les villes de Québec, Trois-Rivières et Ville-Marie se font persistantes. C'est dans l'espoir de contrer ces attaques, mais surtout de faire un peu d'argent  que Dollard des Ormeaux organise un groupe de jeunes hommes pour aller affronter les Iroquois.


Source: Pierre-Louis Morin (peut-être), Paul Chomedey de Maisonneuve (vers 1885), tiré Benjamin Sulte, l'Histoire des canadiens-français, consultation en ligne, 25 mai 2010.

Dollard a pu rencontrer Maisonneuve dans les premières semaines de 1760 pour lui exposer son plan pour sécuriser le site de Long-Sault, sur la rivière des Outaouais. Ainsi, il pourrait court-circuiter les trajets amérindiens des fourrures vers le sud pour assurer la venue vers Ville-Marie des fourrures de différentes nations intéressées à commercer avec les Français. Cette action permettrait ainsi aux marchands de Ville-Marie (une ville de moins de 400 âmes) de pouvoir se garder la tête hord de l'eau et de ne pas mettre à exécution leurs menaces de quitter la colonie. Vers le milieu du mois d'avril 1760, Dollard a réussi à rallier à son projet 16 autres jeunes hommes (Lambert Closse, un sergent-major, de même que Charles Lemoyne et Pierre Picoté de Belestre, deux fils de familles bien en vue avaient prévu être du nombre, mais les semences les retinrent) à qui viendront s'ajouter une quarantaine de guerriers hurons et quatre guerriers algonquins. Maisonneuve n'a d'autre choix que d'autoriser le raid prévu par Dollard.

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Source: Battle of Long Sault, 1660, auteur inconnu, consultation en ligne, 25 mai 2010.

Le petit groupe se met en marche de Montréal vers la mi-avril, repousse une petite troupe d'Iroquois à l'Île Saint-Paul (devant Montréal) et atteint Long-Sault, sur le long de la rivière des Outaouais, autour du 1er mai. Long-Sault était un petit fortin qui avait été construit par des guerriers algonquins l'année précédente, mais qui avait été laissé à l'abandon. Le 2 mai, le groupe de Dollard aperçoit quelques éclaireurs iroquois. C'est alors que s'en suit une escalade rapide: une troupe d'Iroquois vient assiéger la position des Français; ils sont repoussés; on négocie la suite des choses; ça n'améliore rien; certains Hurons quittent pour rejoindre les Iroquois qui ont été renforcé par une troupe de quelques centaines de guerriers (jusqu'à 300 selon les sources). Bref, un «siège» qui a probablement duré une dizaine de jours et qui s'est soldé par les mort de presque toute la troupe de Dollard: cinq Français et quatre Hurons survécurent à la bataille, non sans que le petit groupe du Long-Sault n'ait tenté de repoussé les Amérindiens avec des grenades improvisés ou un lancé de baril de poudre à faire exploser (qui selon certains n'aurait pas traversé la palissade et aurait tué une grande partie des défenseurs du fortin)...

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Source: Alfred Laliberté, Monument Dollard des Ormeaux, Parc Lafontaine, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, consultation en ligne, 25 mai 2010.

La légende est vraisemblablement née du fait que cette bataille ait freinée momentanément les Iroquois d'attaquer la Nouvelle-France et ait permis la reprise du commerce des fourrures pour l'été 1660, sauvant ainsi la Nouvelle-France au grand complet et ayant tué au passage quelques centaines de guerriers iroquois!  Considérant l'importance des augures et pressentiments chez les Amérindiens, cet affrontement et la résistance imprévus ont surement été suffisant pour ralentir l'envie des Iroquois qui ont continué leurs attaques en et ont fait plus de 100 victimes en Nouvelle-France en 1661 (sur une population totale de moins de 2000 âmes!), diminuant ainsi beaucoup l'impact de la bataille de Long-Sault, pendant laquelle une vingtaine d'attaquants iroquois seulement seraient morts...

Pour plus de détails
On vous invite simplement à consulter l'article de André VACHON, «DOLLARD DES ORMEAUX, Adam», Dictionnaire biographique du Canada en ligne, consultation le 25 mai 2010.

Je vous recommande aussi l'article en ligne de Patrice GROULX «Dollard des Ormeaux», Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française, consultation le 25 mai 2010. Cet article offre des liens vers des films et autres documents d'intérêts.

2 commentaires:

  1. Se peut-il que Dollard ait attaqué les Amérindiens pour leurs voler leurs fourrures cueilli durant l'hiver 1659-1660 ? Se peut-il que ce récit ait été embellit car trop triste pour les premiers Français sur notre territoire ? Je sais que le sujet est tabou mais la vérité est plus importante. Une réponse serait appréciée. merci

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  2. Il faudrait faire attention et réviser les textes avant de les publier car, à 2 reprises, on mentionne que Dollard a rencontré Maisonneuve au début de 1760 alors qu'il est mort en 1660 !

    René d'Anjou

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