samedi 22 janvier 2011

De John Gilmour à la côte Gilmour

Petite note: mercredi soir prochain, le 26 janvier 2011, je serai l'invité de l'émission radiophonique 275-Allô sur les ondes de la radio de Radio-Canada. En effet, je répondrai aux questions des auditeurs sur l'histoire de la ville de Québec. Parlez-en à vos enfants de 6 à 12 ans et bonne écoute!

À l'automne 2010, Le maire de Québec Régis Labeaume, exprimait le souhait que la côte Gilmour devrait être ouverte à l'année. Cette affirmation a tôt fait de plonger certains commentateurs dans un débat parfois animé incluant l'étalement urbain, le transport en commun, l'environnement, la sécurité des usagers et même la souveraineté de la ville sur ce parc fédéral. Cette semaine, le site de Cyberpresse.ca rapportait que la  Commission des champs de bataille nationaux annonçait qu'une étude avait été commandée pour voir la viabilité d'un tel projet. Mais avant de célébrer ou non son ouverture hivernale, tentons de découvrir un peu plus l'histoire de cette artère.

Vue de l'Anse-au-Foulon où l'on peut voir les allingues de Gilmour et Company pour le chargement des billes. (item 1)
Source: William Notman, « Vue de l'Anse-au-Foulon où l'on peut voir les allingues de Gilmour et Company pour le chargement des billes » (vers 1860). Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 22 janvier 2011.

La côte Gilmour est nommée en l'honneur du marchand de bois écossais John Gilmour. Né en 1812, il arriver à Québec vers 1832. John est donc un des membres de la grand famille élargie des Gilmour qui s'installe un peu partout dans l'actuel Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario dans la première moitié du 19e siècle pour prendre une importante part au commerce du bois. À Québec, (avec son frère David notamment) l'empire des Gilmour est prospère. Ils opèrent principalement à partir des quais de l'Anse-aux-Foulons (ci-haut), surplombés par la luxueuse résidence de John,  le domaine Marchmont, sise en haut de l'actuelle côte Gilmour. Leur empire sombrera à partir du milieu des années 1860 ou du début des années 1870 en même temps que la baisse drastique du commerce du bois à Québec.  John Gilmour sombrera littéralement avec son empire. Voici un extrait du journal Le Canadien du 28 février 1877, p. 2 :
« DISPARITION - un télégramme de Montréal nous apprend que l'on entretient de sérieuses inquiétudes au sujet de M. John Gilmour de cette ville disparu depuis plusieurs jours. Il avait été appelé à Montréal pour régler certaines affaires ; qu'un nommé  [Thomas] McDuff avait joliment brouillées. M. Gilmour avait été grandement affligé de l'infidélité de cet homme en qui il avait placé toute sa confiance. Il a quitté le St. Lawrence Hall son hôtel et n'est plus revenu depuis. On a trouvé son bagage intact - où est-il allé. ? Nul ne le sait? On croit M. Gilmour parti pour l'Angleterre. Une récompense de $500.00 est offerte à toute personne donnant des informations. »

Le corps de John Gilmour sera retrouvé à la fin du printemps de la même année sous les glaces du port de Montréal. Le nom Gilmour est donc synonyme de la grande prospérité des marchands de bois sur les berges du fleuve pendant l'âge d'or du commerce du bois à Québec, la première moitié du XIXe siècle.

Source: « Premiers aménagements de la côte Gilmour, 22 avril 1931 », Commission des champs de bataille nationaux. L'image se trouve dans Jacques Mathieu et Eugène Kedl, Les plaines d'Abraham: le culte de l'idéal, p. 226.

Mais pour ce qui est de la côte Gilmour, il faut attendre la toute fin du XIXe siècle pour que le chemin de l'Anse-aux-Foulons prennent ce nom. Ainsi, on retrace l'histoire de ce chemin jusque pendant le régime français. C'est un chemin qui empruntait un tracé situé dans la même section du cap-diamant que les soldats du major-général James Wolfe ont emprunté dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759 pour se rendre sur les Plaines d'Abraham, donnant ainsi le nom de Wolfe's Cove Hill à cette côte (Wolfe's cove étant aussi le nom donné à l'Anse-aux-Foulons au début du régime britannique). On l'aurait aussi appelé Marchmont Hill en l'honneur de la résidence de John Gilmour. La côte Gilmour sera réaménagée (ci-haut) dans le cadre des grands travaux publics mis en branle après la Grande Dépression.

 Royal Car, escorted by motorcycles and cars leaving Wolfe's Cove Dock to ascent Gilmour hill on way to Parliament Buildings. (item 1)
Source: « Royal Car, escorted by motorcycles and cars leaving Wolfe's Cove Dock to ascent Gilmour hill on way to Parliament Buildings » (17 mai 1939). Bibliothèque et Archives Canada, consultation en ligne, 22 février 2011. On voit au loin une rangée de curieux sur la côte Gilmour.

En 1947, la Commission des champs de bataille nationaux (créée en 1908 pour administrer le parc urbain formé notamment par les Plaines d'Abraham, legs du gouvernement fédéral pour souligner le 300e anniversaire de Québec) obtient la gestion de la côte Gilmour des villes de Sillery et Québec. En effet, même si la CCBN gérait déjà les terrains entourant la côte, (depuis 1927) cette voie n'était pas encore sous sa juridiction. Depuis, la côte est utilisée en hiver surtout pour les loisirs comme la glissade et le ski.

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